Le ministère a dévoilé sa feuille de route concernant l’immobilier pour la période 2024-2028. De son petit nom, il s’agit du schéma pluriannuel de stratégie immobilière (SPSI). C’est un exercice obligatoire, imposé à chaque ministère.
Même si vous n’y lirez pas forcément l’avenir de votre bureau, avec éventuellement l’obligation de commencer à faire vos cartons le cas échéant (une bonne partie de nos implantations sont entre les mains des préfets donc hors SPSI), c’est une copie extrêmement éclairante. Et même, on peut le dire, ambitieuse.
On peut commencer par distinguer deux chapitres :
– 1° (Le grand) Bercy (appellation encore à l’étude, bon, c’est déjà mieux que « Bercy le rabougri » ou « Bercy le mité » …) : c’est un gigantesque chantier multisites qui va considérablement modifier le paysage ministériel (nous lui consacrons un article spécifique).
– 2° la bagatelle d’un peu moins d’une centaine d’opérations (au total) touchant à peu près toutes les directions.
Selon le cas, il s’agit d’une cession, d’un transfert ou d’un réaménagement plus ou moins profond, ou encore d’une étude avant décision.
Voici un détail (très sommaire) des « grandes manœuvres », avec des états d’avancement (parfois d’achèvement …) très différents :
– administration centrale : 31 opérations – dont le Grand Bercy – (NB : pour ce dernier, l’horizon dépasse largement 2028)
Atrium, Carré Austerlitz, DITP, Fairway (INSEE), site Kabori (Nantes), site Stella (Lyon), médiateur MEF (Caen), Cité du Renseignement Financier (Ivry), campus SSI DTNUM (est parisien)
– DGFIP : 10 opérations
Pantin, DNVSF, DI Lille, ESI Rennes, ESI Nantes, ESI Marseille, SRE Nantes, Clermont-Ferrand
– Douanes : 15 opérations
La Rochelle (Ecole), Tourcoing (Ecole), Montreuil, Metz, Margny les Compiègne, Lorient – 2 sites (dont DNGCD), Toulouse (DNSCE) Cherbourg (DNGCD), Marseille – 2 sites dont DNGCD,Ajaccio (DNGCD)
+ les sites ONAF (DGDDI / DGFIP) de : Nantes, Bordeaux et Marseille.
– INSEE : 14 opérations
Lille (DR), Normandie (DR), Rennes (DR), Orléans (DR), Ile-de-France (DR), Limoges DR), Chamalières (DR) Lyon (DR), Toulouse, Libourne (CEFIL), Marseille (DR), Besançon (DR), Nancy (DR), Reims.
– DGCCRF : 1 opération : Ecole de Montpellier
– SCL : labo de Pessac, Montpellier, Marseille, Oullins-Pierre Bénite (Lyon), Massy, Rennes, Le Havre, Villeneuve d’Asq, Illkirch-Graffenstaden (Strasbourg), + unité de direction Paris
– l’action sociale n’est pas oubliée … (pas forcément pour son bien…) : 12 opérations
Géradmer, Ballan-Miré, Prémanon, Cerbère, Targassone, Saint-Lary, Lège, La Baule.
En pratique, on va assister à deux mouvements qui vont interagir : de la rénovation/ modernisation (ça, c’est bien …) et de la densification (« meilleure utilisation » en traduction plus fleur bleue …). La deuxième peut bien évidemment résonner de façon beaucoup plus inquiétante … Tout à nos soupçons, nous avons envoyé un tir de barrage sur le mode flex office. Ce sera très marginal, nous rassure-t-on … Par contre, pour la tentation de pousser un peu le type open space, la réaction est un peu moins véhémente dirons-nous …
Bercy pose également le principe de produire quelque chose d’adapté aux besoins du métier. De même, il prend également des engagements concernant l’accessibilité des locaux. Le danger amiante est lui-aussi pris en considération avec le constat que la connaissance du parc à ce titre est encore « perfectible ».
Le fait de travailler également sur les aspects environnementaux est structurant (à noter toutefois au passage : une certaine absence de prise en compte du réchauffement climatique pour l’instant). Ce focus environnemental se traduit notamment via les économies d’énergie. Voilà un début de transition vers les questions de coût. Car, bien évidemment, le thème de la rationalité budgétaire et des économies tout court tient une large place dans l’affaire. En tant que fonctionnaires, aux Finances de surcroît, la chose n’est évidemment pas inaudible. La limite étant que cela ne doit pas constituer le ressort premier de notre politique immobilière. Ou alors cela voudrait dire qu’elle dépourvue d’un réel horizon, autre que comptable !
Nous avons été très insistants pour la rédaction par le ministère d’une note cadre contraignante afin que soit pleinement mise en oeuvre la promesse orale d’un dialogue de qualité qui passe tant par la consultation systématique des agents pour définir les besoins, que par l’exigence d’une présentation et discussion des projets dans les instances nationales et locales (CSA et FS) et ce le plus en amont possible de la phase d’engagement des travaux. Car, force est de constater que, trop souvent, les recommandations du ministère restent lettre morte et qu’un simple kit risque d’être considéré que comme de vagues consignes, rien de plus. De même, si le ministère s’est également engagé à la tenue de réunions de suivi, elles ne peuvent remplacer le dialogue social au niveau directionnel. Par ailleurs, Bercy a précisé avoir engagé un travail de “persuasion” auprès du ministère de l’intérieur pour que ce même dialogue social soit effectif concernant les cités administratives dont le nombre croît et sur lesquelles les préfets gardent parfois jalousement la main.
Paris, le 25 novembre 2025



