D’aucuns se questionnent sur un prétendu retard à l’allumage de la DGCCRF dans l’affaire SHEIN.
Le grief porte sur le fait que les alertes sur Signal Conso n’auraient pas été prises en compte. Ce serait même « 60 millions de consommateurs », magazine de l’INC, organe sous la tutelle de la DGCCRF, qui aurait relancé l’affaire.
Voilà qui pourrait quelque peu contrarier l’État. En effet, la tutelle évoquée ci-dessus va être supprimée. Et le flinguage en vol du magazine est aussi prévu (mise à mort déjà budgétisée). Décision sur laquelle il serait utile de revenir …
Pour la malheureuse DGCCRF, SignalConso (suivi par une IA) n’est pas vraiment l’arme absolue, loin s’en faut ! C’est un outil qui met en relation le consommateur et le professionnel, avec une DGCCRF qui n’est qu’observatrice. Derrière il faut rédiger des constats, ce qui nous amène à un autre point. C’est l’oubli historique de tout ce que cette administration a subi depuis des années.
Le champ d’action est immense et crucial pour la population. Et il faut faire tout cela avec moins de 3000 agents !! Il est arrivé, dans l’histoire récente qu’un service départemental de la DGCCRF compte 1 agent (et de surcroît sorti de stage). Bon courage … Dans la série « bonnes nouvelles », dans le projet de budget 2026, la DGCCRF reçoit une promesse de renfort de masse : 5 emplois qui seront ajoutés aux effectifs. Chiffre faramineux …
Toujours dans le registre de l’oubli, rappelons aussi que, sous le règne du comte de Montechristo, … pardon ! de Nicolas Sarkozy, il avait été décidé de ventiler de façon puzzle la malheureuse DGCCRF, en la mettant en orbite préfectorale. Tout le monde (ou presque …) dit que le modèle n’est pas opérant … mais personne n’a jamais eu la bonne idée de revenir dessus.
Dès lors, au vu de tout cela, aller chercher des noises à une direction qui, au final, fait ce qu’elle peut, nous semble assez injuste. De plus, pour la traque d’objets liés à une question d’ordre public, la DGCCRF ne peut que faire une transmission au Parquet, rien de plus.
Pour SOLIDAIRES FINANCES, cette affaire met en lumière une réalité aussi manifeste qu’implacable. L’e-commerce est une sorte d’autoroute de l’importation. Ce flux, très largement d’origine chinoise, c’est plus de 2 millions de colis par jours. Là-dedans, on peut trouver de tout, y compris les saloperies les plus infâmes (CQFD …). Il y a aussi une dimension fiscale à l’affaire.
C’est bien loin d’être un modèle de rêve en termes social et environnemental. Mais c’est une donnée qu’il faut prendre en compte, sauf à vivre une gigantesque (r)évolution des pratiques du commerce mondial. C’est donc un défi pour les administrations bercyennes (Douanes, DGCCRF, …) Le tout étant qu’on leur donne les moyens de relever ce dernier. A notre sens, il faut incontestablement hausser nos capacités de protection et de régulation. A défaut, il ne se passera pas beaucoup de temps avant qu’on retrouve dans toute cette masse d’autres objets répugnants (pédophilie, colifichets nazillons, …), armes ou tout autre produit dangereux. Le fait de finir par les découvrir est en soi plutôt rassurant, même si le moment de la découverte est choquant pour l’opinion (et pour les agent.es). Le pire, en fait, serait que l’État soit complètement aveugle. Ne rêvons pas trop non plus : on ne pourra pas tout intercepter. Mais cette affaire est aussi une leçon pour les indécrottables naïfs qui pensaient que ce nouvel avatar du commerce mondial n’allait pas attirer des malandrins et autres fieffés salopards. Cette représentation était rien moins que stupide. De même, croire à l’auto-régulation tient pour nous de la douce illusion.
Pour être pragmatique, c’est une question de curseur. Celui du contrôle ne peut rester aussi bas.
Pour nous, ce n’est pas seulement une affaire de métiers (même si c’en est une par excellence …), c’est aussi une question politique pour la France et pour l’Union européenne, qui doivent non seulement afficher de la fermeté en la matière, mais la pratiquer réellement !
L’ETAT, ENTRE HYPOCRISIE ET NAIVETE ?



