Touché.es par la grâce ?!?

Touché.es par la grâce ?!?
Un CSA ministériel s’est tenu à Bercy le 14/11 sous la présidence d’Amélie De Montchalin, ministre des Comptes Publics.

La vedette du jour était bien évidemment le projet de loi de finances pour 2026, parti dans des tribulations parlementaires dont l’issue est encore très incertaine. On ne va pas épiloguer ici sur la mise de départ. Elle ne nous va pas, ce qui n’est une surprise pour personne.
Un des grands « pêchés » est encore – et toujours – cette incorrigible manie de supprimer des emplois – 550) à Bercy (à la DGFiP en fait, les autres directions étant plus ou moins stables ou évoluant à la marge). Au bout de plus de 20 ans de purge plus ou moins violentes, ni le coup de la « limitation des dégâts », ni celui de l’exemplarité ne sont audibles. Ce serait une forme d’irrespect à l’égard des agent.es, mais aussi de nos missions dont l’actualité quasi-quotidienne démontre l’aspect crucial.
Pour le reste, c’est un peu la chronique d’un Etat en restriction qui réduit assez fortement la voilure, sur ses dépenses d’intervention notamment.

La « grand messe » a été l’occasion d’évoquer d’autres sujets, dont l’Office National Anti-Fraude (ONAF), pour lequel il faut clairement définir un cap et y associer structuration et moyens sans oublier les questions de reconnaissance des personnels.
Autre sujet : la déclinaison « Bercy » du dispositif lanceurs d’alerte a été validée. C’est un texte pris en application du cadre général, que nous soutenons fortement.

Mais, au-delà de l’aridité des dossiers, c’est sur la sémantique ministérielle que nous mettrions en lumière. Notre ministre serait-elle touchée par la grâce ?!!? En tout état de cause, deux sujets méritent franchement que l’on y revienne :

– en termes de fiscalité, il faut, dixit la ministre, pousser les curseurs sur les hauts et très hauts revenus et les grandes entreprises et lâcher un peu sur les classes moyennes et populaires ainsi que sur les PME. Diantre … Mais oui, Madame la ministre, cela s’appelle tout simplement la justice fiscale et sociale. Et c’est manifestement un sentier sur lequel il faut s’engager.

– l’Etat, ce monstre dévoreur (pour les libéraux et autres chroniqueurs à deux balles) connaît une répartition de ses engagements à 60 % en transfert et à 40 % en fonctionnement. En clair, la part majeure vient pour redistribuer (en se souvenant du point précédent …), soutenir l’activité, en deux mots «amorcer la pompe ». On va donc aller jusqu’au bout (et peut-être un plus loin que la ministre) : ce f… u procès en sorcellerie de l’État dispendieux et inconséquent est largement une vaste fumisterie, pour ne pas dire escroquerie ! Le vrai débat devrait être celui de la façon dont opèrent les mécanismes de redistribution (spéciale dédicace à la politique dite de l’offre …) et surtout sur la façon de renforcer les Services Publics, élément structurant de la société.

Nous n’allons pas être plus naïfs que de raison : tout ceci tient largement du discours et c’est la traduction dans les faits qui compte. Toutefois, ce début d’inflexion (verbal), qui s’inscrit d’ailleurs dans un vaste débat public, mérite d’être relevé.

Retombons sur terre : pour les agents, c’est «nada !», par instruction matignonesque.
Le seul élément que l’on nous concède, un peu du bout des lèvres, c’est que cette position n’est pas tenable bien longtemps. La ministre a évoqué un « système salarial démotivant » (au passage… vous le sentez ce petit parfum de « rem » au mérite ?). Bercy nous a néanmoins fait une proposition qui consiste à travailler le sujet en temps long, pour être prêt au moment de jours meilleurs …

Solidaires Finances est intervenu à nouveau sur les indemnités de scolarité en formation initiale (dernière revalorisation : 2006 …) La ministre a accueilli favorablement la demande et s’est engagée à porter le sujet au niveau de la Fonction Publique, ce qui est déjà une première, sauf erreur de notre part.

Un – lourd – sujet fait consensus : c’est l’extrême attention qui doit être portée à la vague d’évènements dramatiques (suicides et tentatives de suicide) qui ont frappé les services (DGFiP en tête). La tentation du balayage d’un détestable revers de la main (genre : « il/elle était fragile …) semble hors jeu. Un engagement de transparence et de travail de compréhension pour trouver des pistes concrètes a été pris. Nous y serons bien évidemment plus que très attentifs.


En résumé, sur pas mal de sujets, il conviendra d’attendre de voir quelle va être la « vérité des prix » au final, avec évidemment une obligation de vigilance pour les organisations syndicales dans leur ensemble, sans parler de cet horizon politique incertain. Mais s’il est une chose qui est évidente, c’est que ces quelques germes entrevus lors de ce comité doivent se muer en inflexions, à défaut le « touché.es » risque fort de se terminer en « douché.es » …. Et pas par la grâce ! Et surtout cela aboutirait à alimenter encore plus une défiance déjà profondément enracinée chez beaucoup d’agent.es.